« Distressed M&A » : entre le prioritaire et l’indispensable….
« Distressed M&A » : entre le prioritaire et l’indispensable….
Le terme « Distressed M&A », anglicisme familier pour tous ceux dont le travail a trait aux fusions-acquisitions de près ou de loin, n’est pas un terme très beau, ni à lire, ni à entendre d’ailleurs. Il renvoie à la langue de Molière et fait penser à « Détresse » et la "détresse", cela fait peur, cela dérange, cela panique.
Redéfinissons par « Distressed M&A », « l’entreprise en difficulté après la phase de fusion-acquisition et qui aura dû procéder à des procédures collectives de licenciement ». Autant dire que la période est des plus détestables et des plus détestées.
Beaucoup de professionnels sont experts pour aider ces entreprises à relever la tête et à résoudre les problèmes qui s’amoncellent, tels des tas de factures sur un bureau.
Heureusement donc, des avocats, des financiers, et des fiscalistes entre autres, tous spécialistes du sujet, vont accompagner les restructurations, les recherches de trésorerie, les changements en tous genres, dont la complexité ne fait aucun doute.
Ces changements restent des sujets prioritaires car déterminants, voire décisifs, pour la suite des opérations et pour le salut de l’organisation. Il faut faire des économies, optimiser, rationaliser, mettre à l’équilibre, sauver ce que l’on peut sauver pour pouvoir repartir sur des bases saines.
Pour les salariés concernés, à tous niveaux hiérarchiques, les procédures collectives ressemblent à des "tsunamis professionnels", car une facette de leur vie s’arrête dans un profond sentiment d’injustice.
Mais le tsunami fait bien d’autres ravages. Il se répand, s'immisce dans les profondeurs du "tissu salarial survivant" , celui qui par chance, a pu résister à la puissance de la vague.
C’est de celui là dont il faut aussi s’occuper car s’il n’est pas prioritaire, il reste essentiel, indispensable même. Soyons hélas pragmatiques, ceux qui doivent partir, partent ou vont partir, et pour l’organisation, c’est un point final. Pour ceux qui restent, tout commence.
Les ravages qu’une « distressed M&A » provoque sur le capital humain, sont multiples. Si on n’y prend pas garde, ou pas assez, ou pas assez tôt, ils se propagent comme la gangrène.
-émotions négatives conscientisées ou non : colère, peur, frustration, doute, culpabilité.
-tendance évolutive aux RPS.
-désir de quitter aussi le bateau par démotivation, par solidarité.
-sentiment profond d’insécurité.
-nécessité de faire son deuil même si on en n’a pas conscience. Le deuil va permettre ensuite de remettre un pied devant l’autre, sinon, des blocages apparaitront tôt ou tard, pour l’individu, et pour toute l’organisation.
Alors, si l’accompagnement des « survivants » n’est pas prioritaire, n’est-il pas indispensable ? Il a un coût, certes, mais acceptons que ce soit un investissement à l’origine d’une remontée spectaculaire.
-l’énergie positive d’un seul individu est contagieuse.
-la confiance en son organisation se voit, s’entend, se vit, s'extériorise.
-la confiance en soi se gagne.
-le positif attire le positif, lève les blocages, revitalise.
-se sentir compris, respecté dans sa souffrance, aide à accepter.
-se sentir soutenu, aidé, guidé, favorise une renaissance.
-lever les résistances favorise la créativité, la productivité.
Qu’on le veuille ou non, c’est comme cela que les choses se passent, on appelle cela la « face cachée du capital humain », celle qui ne se voit pas toujours, celle qui ne se compte pas, ne se touche pas, n'est pas rationnelle, mais reste une priorité parmi d’autres priorités. Celle surtout, sur laquelle il ne faut pas lésiner par ce que « justement, la période ne s’y prête pas ». Celle enfin , dont les professionnels RH n'ont pas le temps, ni les ressources pour s'y attarder.
Car les solutions à la "Distressed M&A" viendront bien de l’intérieur, du "tissu humain", ce même "tissu salarial survivant" qui va vouloir y croire à nouveau, à qui on aura donné envie de repartir et surtout pour qui cela fera sens.
Cette nouvelle énergie, incommensurable, puissante, invincible aura raison d’une gangrène invisible, cela ne fait nul doute.
Encore faut-il vouloir lui octroyer les moyens et l’impulsion dont elle a besoin.